Lire, comprendre, interpréter…

Tel est l'enjeu de l'éducation à laquelle ma profession me destine par la formation des futurs enseignants. Ce site est aussi un site perso, avec mes hobbies, des albums photos et textes divers…

Bienvenue

Qui suis-je ? Pourquoi ce site ?

Depuis le milieu des années 1980, j’exerce la plus belle et la plus exigeante des professions, celle « qui institue l’humanité dans les petits d’homme » (d’après François MAURIACV josiane 1Le Sagoin), je suis enseignante. Dans un temps originel, c’est auprès des élèves de lycée professionnel que je partage mon goût des mots et des textes par des explorations littéraires qui font écho aux interrogations des adolescents. Je découvre alors que ces classes, habituellement estimées rétives à l’approche des écrits dits résistants, manifestent une authentique curiosité pour saisir les significations de leurs lectures littéraires.

Agrégée de Lettres Modernes, classe exceptionnelle, qualifiée par le CNU, formatrice en didactique du français à l’INSPE Clermont-Auvergne, membre des laboratoires ACTE et CÉLIS, je n’ai de cesse de questionner la didactique du français et les textes littéraires. Cela me conduit à étudier la posture d’auteur des élèves du premier degré : Comment enrôler une classe de cycle 3 dans diverses activités de production écrite ? Cela passe par l’importance de la communication entre pairs, scripteurs et lecteurs, puis l’évocation conjointe et des intentions d’écriture et de la réception du texte. Au sein du laboratoire ACTE de l’université Clermont-Auvergne, j’ai organisé en juin 2021 un séminaire d’étude sur la problématique des écrits d’enfants, au cours duquel Marie-Noëlle ROUBAUD (Université Aix-Marseille) a développé ses travaux d’analyse sur des textes d’élèves de cinq à douze ans, mettant en évidence une double difficulté, celle des élèves à écrire et celle des enseignants à lire les écrits des élèves. sage : le brouillon d’oral.

Telle est la genèse de mon parcours de réflexion qui débute par ce constat de décalage avec certains préjugés éducatifs. Afin de cerner les caractéristiques du rapport à la lecture des élèves de la voie professionnelle, je m’engage dans une recherche en didactique du français dirigée par Yves REUTER. Cette approche me conduit vers des résultats qui vont au-delà de mes hypothèses : le contrat et le plaisir de lire des jeunes gens du lycée professionnel passent par leur réception de lecteur, une réception grâce à laquelle ils s’identifient aux protagonistes pour entrer en empathie avec ces êtres de papier. Et, prenant eux-mêmes conscience de ce principe identificatoire, les lycéens perçoivent dans les discours littéraires un éclairage nouveau qui enrichit leur compréhension du monde, à la manière dont l’exprime Proust dans Le Temps retrouvé (1927) : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature ; cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l'artiste ».

Cette expérience m’encourage à poursuivre mes recherches dans le champ des pédagogies et formes éducatives pour appréhender le concept de relation éducative à ses origines, le siècle des Lumières. Là cohabitent deux modalités éducatives tranchées, l’éducation négative (Rousseau) et l’éducation princière (Fénelon, Condillac …). Et pourtant l’une et l’autre se rejoignent au carrefour de la relation éducative, liaison pédagogique, implicite et primordial ingrédient de tout acte éducatif. Explorant les textes littéraires d’éducation du XVIIIe siècle, ma thèse met au jour l’importance indispensable du partage des plaisirs d’apprendre entre enseignant et élèves. Ce qui pourrait apparaître comme un critère de pédagogie invisible (DELBRASSINE, Daniel. Le Roman pour adolescents aujourd’hui : écriture, thématique et réception, coédité par La joie par les livres et Scérén., 2006, p. 368) forme, selon les penseurs éclairés de mes recherches, une condition nécessaire à tout acte d’apprentissage.

 

Cette réflexion approfondie m’a encouragée également à repenser les processus de formation des maîtres. Dans le cadre du projet de recherche universitaire et académique « Écoles éloignées en réseau », j’ai questionné le champ du changement et de l’innovation en Sciences de l’Éducation. La classe VIA, outil numérique exploité dans le contexte d’échanges verbaux construits entre classes à petits effectifs, éloignées entre elles, a permis le renforcement des compétences langagières orales des élèves de cycle 3. Cela m’a menée à caractériser, analyser et définir de manière incidente un objet fondamental pour guider la prise de parole dans la situation d’apprentis

Ces différentes implications, quêtes et interrogations scientifiques, nourries tout à la fois de pédagogie, de didactique et de formation font germer observations, examens, réflexion, raisonnement, déduction, argumentaire et progression du système éducatif. Le temps présent des Sciences de l’Éducation s’inscrit dans une continuité historique, c’est pourquoi j’ai estimé pertinent de partir d’une sorte de point-source, afin d’étudier les ressources initiales d’une prime pensée éducative, léguée par le siècle des Lumières favorisant les rayonnements scientifique et littéraire de l’Éducation, par l’idée de l’éducabilité de l’Homme.

La recherche actuelle en Éducation assure une prise de distance analytique sur la mise en œuvre éducative scolaire, sur les parcours de formation enseignante, sur l’élève et le maître, sur les contenus d’apprentissages, les gestes professionnels, les outils pour apprendre, l'appropriation des fondamentaux linguistiques et littéraires, les modalités d’instructions et la recherche elle-même. Ce sont là des sujets passionnants qui m’interpellent au quotidien au nom de l’amélioration éducative et d’un renouvellement réussi des générations de notre société.

Ma motivation, intégrale et sincère, croît au fil du temps, car plus s’égrènent les minutes et plus mes recherches nourrissent ma dynamique scientifique à soulever des questions, à poser des hypothèses, à observer, à approfondir, à prospecter, à étudier des effets, à déterminer des causes, à discuter des résultats, à trouver quelques réponses, pour que dans les classes, de la maternelle à l’université, tous ceux qui apprennent « sentent enfin qu’ils existent et qu’ils sont l’objet de la plus haute considération, car on les juge enfin dignes de découvrir le monde » (Camus, Albert, 2000, posthume. Le Premier Homme, Folio, p. 164).

Colloque

Date de dernière mise à jour : 07/11/2024